Le premier ministre a lancé ce jeudi 13 septembre la phase de concertations territoriales sur le service national universel
Le projet de création du SNU est un des engagements du candidat Macron sur lequel un groupe de travail présidé par un général d’armé a planché au printemps dernier.
J’ai été sollicité par ce groupe pour réagir au premières conclusion de son rapport
J’ai donc pu faire part de mes remarques et propositions sur cet avant projet au début du mois de septembre.
Le SNU concernera tous les jeunes de plus de 16 ans. Il consistera en deux phases, l’une obligatoire, la seconde facultative.
La première phase interviendra à partir de la classe de troisième. Elle même se décomposera en deux temps : un temps “d’intégration” de 15 jours en hébergement collectif qui permettra un véritable brassage social, suivi d’un temps “d’engagement” de 15 jours aussi, mais plus personnalisé et pas nécessairement en internat, correspondant à des missions d’intérêt général.
Cette séquence se déroulera en partie pendant les vacances scolaires.
La seconde phase sera proposée aux jeunes, jusqu’à leur 25 ans, qui veulent s’engager un peu plus dans le temps. Elle prendra la forme d’un service national plus long, sur plusieurs mois, un peu à la manière des missions du service civique.
Mes remarques se sont principalement articulées autour de 4 points.
- S’agissant du premier temps d’intégration, j’ai insisté pour que la compositions des groupes de jeunes qui passeront 15 jours ensemble soit bien réfléchie. Si on veut faire un véritable brassage social, il est indispensable de s’affranchir des cartes scolaires ou des quartiers dans lesquels les jeunes habitent, au risque de reproduire des phénomènes de ghetto contre lequel le SNU veut justement lutter.
- Par ailleurs, je suis convaincu qu’il est indispensable de prévoir des spécialistes de l’animation et de l’encadrement des jeunes pour que cette phase d’intégration soit réussie. Il ne suffit pas de s’assurer de la qualité les apprentissages professoraux (notion de défense, vie de la nation, etc) si les apprentissages de la vie en commun ne sont pas parfaitement assurés. En déduisant les 9 heures de sommeil, les jeunes appelés vont vivre ensemble 210 heures. Si on considère qu’il peuvent “absorber” 56 heures d’apprentissage académiques (l’équivalent du collège), il restera 154 heures de temps autre, à équilibrer entre loisirs collectif, loisirs individuel, expérience de vie collective. Un temps majeur donc, à encadrer par des professionnels formés et acquis à l’objectif.Je préconise donc la création d’un agrément et d’un centre de formation d’encadrants SNU par région administrative.
- La question de l’hébergement est aussi un point central : Il s’agira à terme d’accueillir en internat près de 750 000 jeunes chaque année, répartis en 7 périodes de vacances. Ni les internats de l’Education nationale, ni les centres de loisirs avec hébergement ne suffiront pour absorber un tel volume. Le rapport propose donc de de construire des bâtiments « en dur léger » tout en reconnaissant que cela risque d’être mal compris par tous ceux qui attendent un logement… Pour ma part, j’ai proposé qu’on étudie un accueil en internat tout au long de l’année pour alléger les phénomènes de pointe. Dans ce cas, la mobilisation du patrimoine des centres de vacances et de celui des villages de vacances devrait suffire.
- Enfin, je me suis interrogé sur la capacité de la nation de proposer à plus de 300 000 jeunes tous les 6 mois une mission d’intérêt général dans le cadre des autres 15 jours obligatoires. Même si on peut imaginer plusieurs jeunes en SNU par mission, cela sera difficile quand on sait que l’objectif annuel de 150 000 jeunes en service civique aujourd’hui peine à être atteint.
Le Gouvernement a annoncé le lancement à l’automne d’une grande consultation numérique impliquant les jeunes, leurs parents, les enseignants et les collectivités afin de mieux déterminer le contenu du SNU.
Je n’ai pas pu m’empêcher de souligner que je ne comprenais pas bien le sens de cette consultation sur un sujet qui concerne essentiellement l’instauration d’une nouvelle obligation que la nation juge nécessaire.
Mais tout dépendra des conditions d’organisation de cette “consultation numérique”. Après tout, on peut difficilement promouvoir le condition de rencontre de la jeunesse de la nation et se méfier d’une délibération collective en ligne !